La pétanque (du provençal pè : pieds, et tancat : planté) est un jeu de boules dérivé du jeu provençal. C’est le dixième sport en France par le nombre de licenciés : 311 971 joueurs recensés (fin 2010)1 ; il existe de nombreuses fédérations nationales affiliées à la fédération internationale. Fin 2007, on compte 558 898 licenciés répartis dans 78 pays, du Maroc au Viêt Nam. À ces chiffres, il convient de rajouter les pratiquants occasionnels, en vacances notamment, c’est-à-dire plusieurs millions d’amateurs.
C’est un sport principalement masculin (seulement 14 % des licenciés sont des femmes en France). Néanmoins, c’est l’un des rares sports où des compétitions mixtes sont organisées.
Historique
Le jeu de boules aurait été créé en Gaule. Les boules ont d’abord été en argile, en pierre, puis en bois et enfin en acier. Mais, après les « bouleurs » du Moyen Âge, l’âge d’or des boules en tous genres fut certainement la Renaissance où la noblesse s’empare du jeu au même titre que le bilboquet et le jeu de paume (qui deviendra le tennis). Pour des raisons obscures, il semblerait que le jeu de boules ait été interdit au peuple de 1629 à la Révolution.
Dès le début du xixe siècle, le jeu de boules (dont l’interdiction n’a d’ailleurs jamais été tout à fait respectée5) est répandu du nord au sud de la France. Dans Ferragus (1833), Honoré de Balzac décrit les parties de boules du faubourg Saint-Marceau : « Cette esplanade, d’où l’on domine Paris, a été conquise par les joueurs de boules, vieilles figures grises, pleines de bonhomie, braves gens qui continuent nos ancêtres, et dont les physionomies ne peuvent être comparées qu’à celles de leur public. L’homme devenu depuis quelques jours l’habitant de ce quartier désert assistait assidûment aux parties de boules (…). Ce nouveau venu marchait sympathiquement avec le cochonnet, petite boule qui sert de point de mire, et constitue l’intérêt de la partie ; il s’appuyait contre un arbre quand le cochonnet s’arrêtait ; puis, avec la même attention qu’un chien en prête aux gestes de son maître, il regardait les boules volant dans l’air ou roulant à terre. Vous l’eussiez pris pour le génie fantastique du cochonnet. Il ne disait rien, et les joueurs de boules, les hommes les plus fanatiques qui se soient rencontrés parmi les sectaires de quelque religion que ce soit, ne lui avaient jamais demandé compte de ce silence obstiné (…)6. »
En 1850, la première société officielle, « le Clos Jouve », fut fondée dans la région de Lyon puis, en 1906, la Fédération lyonnaise et régionale ouvre la voie en 1933 à la Fédération nationale des boules qui deviendra Fédération française de boules (FFB) en 1942. Bien que regroupant nombre de jeux de boules (« boule des berges », « boule en bois », « jeu provençal »), la FFB fut dominée par le jeu de boule lyonnaise (128 000 joueurs en 1945), jusqu’au début du xxe siècle.
Au xixe siècle, alors que chaque région, ou presque, introduit une variante d’usage, les Méridionaux se passionnent pour la longue ou jeu provençal avec des règles simplifiées, le libre choix du terrain, mais où les tireurs font trois pas de course pour prendre leur élan. C’est ce jeu que Marcel Pagnol décrit dans ses souvenirs d’enfance (Le Temps des amours) et qui fut intégré dans le film Le Château de ma mère.
En 1904, un Alsacien du nom de Félix Rofritsch entreprit la fabrication des premières « boules cloutées » (en bois recouvert d’une carapace de métal, formée de clous) dans son atelier de la rue des Fabres, à Marseille, sous le label de « La Boule Bleue ».
Plaque commémorative sur le boulodrome de La Ciotat.
Le jeu provençal donnera naissance en 1907 à la pétanque, lors de la partie historique à La Ciotat où un champion de jeu provençal, Jules Hugues dit « Lenoir », ne pouvant plus jouer à son jeu préféré à cause de ses rhumatismes, s’est mis un jour, à tracer un rond, envoyer le but à 5-6 m, et, les « pieds tanqués », à jouer ses boules pour se rapprocher du cochonnet7. Ceci se passait sur le terrain de boules d’un café « La boule étoilée » (terrain baptisé ainsi en clin d’œil aux boules cloutées de l’époque) dont les propriétaires s’appelaient Ernest et Joseph Pitiot. Les deux frères comprirent vite l’intérêt de ce sport, notamment Ernest qui s’appliqua à en finaliser les règles.
Il faudra néanmoins attendre le premier concours officiel à La Ciotat en 1910 pour que le mot soit officialisé. Le terme vient des mots de l’occitan provençal pè « pied » et tanca « pieu », donnant en français régional l’expression « jouer à pétanque » ou encore « pés tanqués », c’est-à-dire avec les pieds ancrés sur le sol, par opposition au jeu provençal où le joueur peut prendre de l’élan.
Les innovations sont les suivantes :
La première boule en acier aurait été fabriquée en 1927 à Saint-Bonnet-le-Château, qui abrite à présent le Musée international pétanque et boules. La même année, les règles de la pétanque furent codifiées, mais ce n’est qu’en 1930 que les traditionnelles boules en bois cloutées furent remplacées par celles en acier. C’est à Jean Blanc que l’on doit cette évolution.
La Fédération française de pétanque et de jeu provençal (FFPJP)8 voit le jour le 31 juillet 1945 quand, forte de ses 10 000 membres, elle peut enfin quitter la section provençale de la FFB . Quant à la Fédération internationale, elle fut fondée le 8 mars 1958 à Marseille, même si c’est en Belgique, à Spa, que ses premières bases furent jetées, un an plus tôt.
Équipement
Un coffret de boules de pétanques
Les boules sont trempées, creuses et non lestées.
Fabrication
Un cylindre d’acier, le lopin, est transformé à chaud par forgeage en un disque, la galette. Les galettes sont embouties en forme d’hémisphère et les hémisphères obtenues sont soudées par paires puis rectifiées. Après personnalisation (gravure du nom du propriétaire, par exemple) les boules brutes sont nervurées, puis elles subissent des traitements thermiques de trempe et de recuit avant de subir une finition qui leur donnera leur aspect final.
Il existe une autre fabrication, moins connue, lors d’une fabrication à base de cuivre ou de cupro, le métal chauffé en fusion est déversé dans un moule autour d’un noyau de sable. Cette fabrication reste moins connue que la fabrication à base d’acier ou d’inox, mais tandis que l’acier rouille et l’inox glisse, les boules à base de cuivre ne rouillent pas et glissent moins, on peut dire qu’elles offrent le confort de l’acier et les qualités de l’inox. C’est le même procédé de fabrication que les boules lyonnaises sans le remplissage interdit en pétanque.
Les boules de loisir
Destinées aux joueurs occasionnels, elles ont en général un poids et un diamètre uniques, pour convenir aux mains et aux forces de tous âges et sexes.
Le poids varie entre 600 et 800 grammes, et la fabrication est régie par la NORME NF S 52-200.
Ces boules sont interdites en compétition.
Les boules de compétition
Boules de compétition
Les boules doivent être agréées par la FIPJP et répondre aux caractéristiques suivantes9 :
Le nom et/ou prénom ou surnom du joueur ou ses initiales peuvent y être gravées.
Choix de la boule
Le diamètre de la boule est normalement fonction de la taille de la main (pour permettre une bonne préhension). Cela dit, ce diamètre a aussi des impacts sur le comportement de la boule, et certains joueurs peuvent choisir un diamètre inférieur ou supérieur :
Le choix du poids est très lié au rôle du joueur :
La dureté de la boule influe sur son comportement, tant au point qu’au tir : plus une boule est tendre, plus elle absorbe les chocs (en se déformant), ce qui offre un avantage au joueur :
On distingue classiquement trois niveaux de dureté :
Si les boules dures peuvent se conserver pendant de longues années, il n’en va pas de même pour les demi-tendres et les tendres, qui s’abiment à chaque choc : les boules tendres ne tiennent en général qu’une saison pour une utilisation régulière.
D’autres niveaux sont proposés par certaines marques :
La striation est une affaire de goût : une boule striée accroche plus dans la main.
Le prix est également un critère de choix : si les boules de loisir sont peu onéreuses, le prix de boules de compétition peut atteindre 250 euros. Un budget entre 50 et 150 euros (suivant la dureté souhaitée) permet d’acquérir de très bonnes boules de compétition, les prix supérieurs sont dus à l’emploi d’aciers inoxydables spéciaux ou à une fabrication artisanale.
Enfin, il faudra choisir la marque en fonction des types de boules proposés, et le cas échéant, de l’affinité personnelle.
Le but
Les buts en bois de buis sont les préférés des joueurs de pétanque, car ce sont les plus lourds ; ainsi :
Les buts peuvent être peints, de façon à mieux les distinguer. Les buts vendus déjà peints sont très rarement en buis.
Règles du jeu
1re règle : ne pas gêner autrui
À la pétanque, l’objectif est de marquer des points en plaçant ses boules plus près du but que son adversaire.
Équipes
Dans ce sport, quatre combinaisons sont possibles. La Quadruplette, (4 contre 4) La triplette (3 contre 3), la doublette (2 contre 2) et le tête-à-tête (un contre un). Toute autre formule est interdite par le règlement officiel. En quadruplette et en triplette, chaque joueur dispose de deux boules. Dans les autres configurations, chaque joueur en a trois.
Distance
En catégorie sénior le jeu doit se dérouler entre 6 et 10 mètres, lors du lancer du but. Par la suite, en cours de mène le but ne doit jamais être à moins de 3 mètres ou à plus de 20 mètres.
Le terrain
La pétanque se pratique sur tous les terrains. La plupart du temps en compétition, des « cadres » (un cadre est un terrain sur lequel doit se dérouler une partie) sont tracés ; les dimensions officielles sont alors de 15 mètres de longueur pour 4 de largeur, et a minima de 12 mètres sur 3.
Le cercle (de lancer)
C’est un rond, tracé sur le sol (ce cercle doit être à un mètre minimum de tout obstacle et de la limite d’un terrain interdit), dans lequel le joueur doit se tenir pour lancer sa boule. Son diamètre est compris entre 35 et 50 cm. Le cercle doit se situer à un mètre au moins d’un obstacle ou de la limite d’un terrain interdit
Début de la partie
L’équipe qui gagne le tirage au sort trace le cercle et lance le but et la première boule. Pour que le but lancé par un joueur soit valable, il faut qu’il soit entre 6 mètres et 10 mètres du cercle, visible depuis le cercle, qu’il n’y ait pas d’obstacle entre sa position et le cercle et qu’il soit à un mètre minimum de tout obstacle ou de la limite d’un terrain interdit. Le lancer du but par un joueur d’une équipe n’implique pas qu’il soit dans l’obligation de jouer le premier. À la mène suivante, le but appartient à l’équipe ayant remporté la mène précédente, ou à celle l’ayant lancé si la mène a été nulle. Cette équipe lance le but à partir d’un cercle tracé autour depuis le point où il se trouvait à fin de la mène précédente (Lorsque le but est devenu nul, le lancer se fait à compter de sa dernière position arrêtée), sauf dans les cas suivants:
Si le lancer n’est pas correct, il est recommencé par le même joueur, ou un coéquipier. Mais si après 3 jets consécutifs par la même équipe, le but n’a pas été lancé dans les conditions réglementaires ci-dessus définies, il est remis à l’équipe adverse qui dispose également de 3 essais etc… En tout état de cause, c’est toujours l’équipe qui a marqué à la mène précédente qui conserve la priorité pour jouer la première boule.
Déroulement
Une équipe lance ses boules tant qu’elle en a, et jusqu’à ce qu’elle place une de ses boules plus près du but que celles de l’équipe adverse. Si la première boule jouée se trouve en terrain interdit, c’est à l’adversaire de jouer puis alternativement tant qu’il n’y aura pas de boules en terrain autorisé. Elle (re)prend alors le point et c’est à l’équipe adverse de jouer, si elle a encore des boules.
Boule nulle
Toute boule est nulle des qu’elle passe en terrain interdit. Si la boule revient ensuite en terrain de jeu, elle est immédiatement enlevée du jeu et tout ce qu’elle a pu déplacer, après son passage en terrain interdit, est remis en place. Toute boule lancée dans des conditions non réglementaires est nulle et tout ce qu’elle a déplacé dans son parcours est remis en place. Il en va de même pour toute boule jouée d’un cercle autre que celui d’où a été lancé le but.
Toutefois l’adversaire a le droit de faire appliquer la règle de l’avantage et de déclarer que le coup est valable. En ce cas la boule pointée ou tirée est bonne et tout ce qu’elle a déplacé reste en place.
Décompte
Lorsque l’ensemble des boules sont lancées, on comptabilise toutes les boules d’une équipe qui se trouvent plus près du but que la plus proche des boules adverses.
Interférence
Le but ou une boule, arrêtée par un spectateur ou par l’Arbitre, conserve sa position à son point d’immobilisation.
Toute boule jouée, arrêtée par un joueur de l’équipe à laquelle elle appartient est nulle et perdue.
Toute boule jouée ou déplacée, arrêtée par un adversaire peut, au gré du joueur, être rejouée (uniquement si c’est celle qui vient d’être lancée), laissée à son point d’immobilisation, ou placée dans le prolongement d’une ligne qui irait du cercle (ou de sa place dans le cas d’une boule arrêtée) à l’endroit où elle se trouve.
Si le but, frappé, est arrêté par un joueur, l’adversaire peut laisser le but à sa nouvelle place, remettre le but à sa place primitive, placer le but dans le prolongement d’une ligne allant de sa place primitive à l’endroit où il se trouve, ou encore demander la nullité du but.
Si un but ou boule ARRÊTÉE vient à se déplacer (vent ou déplacée accidentellement par un joueur, un Arbitre, un spectateur …), l’objet est remis à sa place. À noter que si un joueur bouscule une boule/bouchon en effectuant une mesure, l’objet sera bien remis en place, mais la mesure est automatiquement perdue pour lui.
Cas particuliers
Si les boules adverses sont à égale distance du but et que le point est fini la mène est nulle. Si les deux équipes disposent de boules, il appartient à celle qui a joué la dernière boule de rejouer, puis à l’équipe adverse, et ainsi de suite alternativement jusqu’à ce que le point soit gagné par l’une d’elles. Si, en cours de mène, aucune boule ne se trouve en terrain autorisé (possible si tir sur la première boule par exemple), il appartient à celle qui a joué la dernière boule de rejouer, puis à l’équipe adverse, et ainsi de suite alternativement jusqu’à ce que le point soit pris. Si, à la fin de la mène, aucune boule ne se trouve en terrain autorisé, la mène est nulle.
Fin de la partie
Une partie se joue en 13 points, éventuellement en 11, pour les parties de poules. Jusqu’en 2007 les finales des championnats du monde se déroulaient en 15 points.
But nul
Le but est nul :
À noter que lors du lancer initial, le but doit être à un mètre de tout obstacle interdit. Mais cette limite n’existe plus en cours de mène où il reste jouable tant qu’il n’a pas touché ce terrain interdit.
Quand le but est nul on distingue deux cas : si les deux équipes ont encore des boules, ou si, au contraire aucune des deux n’en a plus, la mène est nulle ; sinon, l’équipe qui a encore des boules comptabilise autant de points qu’elle a de boules en main.
Les règles du jeu sont édictées par la Fédération internationale.
Stratégie
Pétanque au square des Batignolles à Paris
Une équipe de pétanque comprend :
Ces rôles ne sont pas intangibles : en cours de partie, l’équipe peut décider de modifier la « formation », en cas de méforme d’un des joueurs. En général, lorsqu’une boule doit être pointée, c’est le pointeur qui joue, s’il n’a plus de boules, c’est le milieu, et si ce dernier n’a plus de boules, c’est le tireur. Lorsqu’une boule doit être tirée, c’est la même chose dans l’ordre inverse. Dans certains cas (assez rares), cet ordre n’est pas respecté pour des raisons tactiques.
Au point, une boule placée devant le but a plus de valeur qu’une boule placée derrière à la même distance, car :
On considère donc qu’une boule placée devant le but, entre 0 et 50 cm (indicatif, dépend du terrain) de distance, est bien jouée.
Dans certains cas, le pointeur ne cherchera pas à s’approcher le plus près possible du but. Il peut :
Cochonnet à côté de la boule
À chaque étape du jeu, après lancement de la première boule, l’équipe qui n’a pas le point doit décider s’il vaut mieux pointer ou tirer. Parmi les facteurs à considérer :
Le lancer du but est un élément qui ne doit pas être négligé. Deux degrés de liberté sont à exploiter au mieux :
Ce ne sont bien sûr que les idées générales.
Au haut niveau, les mènes se jouent très souvent à 10 m, distance à laquelle une différence peut éventuellement se faire au tir.
Vocabulaire spécifique
Il existe un vocabulaire spécifique à la pétanque. Qui ne connaît pas le fameux « Tu tires ou tu pointes ? » ?
Vocabulaire lié au point
Avoir le point
Boule noire rentrée
Ne pas jeter sa boule : double point
Vocabulaire lié au tir
Décomposition de la façon de tirer
Expressions diverses
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